Comme en classe de 1ère , les programmes d’enseignement scientifique de terminale vont subir plusieurs changements proposés par le conseil supérieur des programmes. Le document se met à la page sur des sujets d’avenir comme les événements météorologiques extrêmes, les voitures intelligentes ou le réseau européen d’électricité. Un fort remaniement du thème II sur l’énergie redistribue les chapitres entre les enseignants. Dans le projet de programme, les lycéens sont régulièrement invités à s’impliquer dans leur lycée, par exemple, pour préserver la biodiversité ou encore calculer leur empreinte carbone. L’étude de ChatGPT est inscrit dans le programme et la pratique intensive de la monoculture est supprimée. Tour d’horizon non exhaustif des modifications du projet de 25 pages. Lire l’article sur le Café pédagogique.
Oxydation de l’eau et climato-scepticisme
« La nouvelle organisation des programmes vise à faciliter le travail du professeur dans la mise en œuvre des objectifs identifiés dans les préambules », annonce le CSP. Ces modifications du préambule et des objectifs pédagogiques sont identiques à la classe de première (lire l’article ½ publié le 7 mars). Le programme de terminale conserve ses 3 thématiques : le climat, l’énergie et le vivant. Les rubriques prérequis et limites du programme n’existent plus. Dans le thème « science, climat et société », l’étude du cycle biogéochimique du carbone n’est plus indiqué, on le retrouvera quelques pages plus loin dans la partie « le futur des énergies ».
Sur l’oxygénation de l’atmosphère terrestre, il est désormais demandé aux lycéens « d’interpréter une expérience historique qui prouvent que le dioxygène produit lors de la photosynthèse provient de l’oxydation de l’eau, mais pas de la dissociation du dioxyde de carbone ». L’expérience de Ruben et Kamen de 1941 est indiquée comme exemple. Pour étudier la couche d’ozone, les lycéens pourront faire des recherches « sur l’élaboration de l’unité Dobson ». L’apparition de la vie sur Terre et un travail sur « la vie sans dioxygène » est aussi suggéré.
Une mobilisation des acquis de la classe de première sur le bilan radiatif terrestre est stipulée avant d’étudier la complexité du système climatique. Parmi les indicateurs climatiques étudiés en classe, les dates de vendange ne sont plus citées, cet exemple est désormais remplacé par « l’occurrence et l’intensité des événement météorologiques extrême ». A chaque savoir, on retrouve la double-flèche qui sollicite des savoir-faire mathématiques comme la lecture graphique, le calcul de moyenne ou de volume.
Le programme incite à évoquer le climato-scepticisme et les biais de raisonnement avec les élèves. L’émergence de maladies vectorielles et la petite ère glaciaire en Europe font aussi partie des pistes proposées. Enfin, dans la partie « climat du futur », les termes déforestations et hydrocarbures ne sont plus inscrits dans les programmes. Ils sont remplacés par « combustion de substances carbonées fossiles » d’une part et « artificialisation des sols » d’autre part. Les élèves étudieront la production de ciment et les émissions de dioxyde de carbone ainsi que « les différentes sources de production de méthane ».
Vers un réseau électrique européen
Le thème II sur « le futur des énergies » se voit remanié et enrichit de la partie empreinte carbone et production d’énergie » auparavant dans le thème I et souvent traité par les enseignants de SVT. Les enseignants de sciences physiques prendront peut-être la main sur ces savoirs basculés en thème II. L’introduction concise du thème indique que « produire de l’énergie sans contribuer au changement climatique ou à la dégradation de la planète est devenu un enjeu majeur de la transition écologique ».
« L’optimisation du transport de l’électricité » ne fait plus partie du programme. Quelques nouveautés sont toutefois visibles dans les contenus. Les lycéens sont ainsi invités à « argumenter autour de la mise en place d’une installation photovoltaïque domestique ou industrielle » mais aussi d’étudier « l’incidence environnementale de l’exploitation de silicium pour la fabrication de panneaux solaires ».
Le côté « européen » du réseau de transport électrique est mis plusieurs fois en avant. « Le développement de la voiture électrique » et « la gestion des déchets issus des centrales nucléaires » sont aussi des pistes à suivre. Côté environnement, les travaux du GIEC et les scénarios de transition écologique sont à évoquer en classe. Les lycéens peuvent calculer l’empreinte carbone d’un établissement scolaire ainsi que les pistes de décarbonation.
Biodiversité et ChatGPT
Le 3ème thème sur l’histoire du vivant est celui qui subit le moins de changements si ce n’est « des ajustements rédactionnels ». L’étude du microbiote et des pandémies pourront une nouvelle fois être abordés lors de la partie du la biodiversité et de son évolution. Les lycéens sont conviés à trouver « des stratégies pour préserver la biodiversité ou l’augmenter dans l’enceinte d’un lycée ».
Dans la version 2019, on pouvait lire dans la colonne des savoirs : « depuis la révolution agricole, la pratique intensive de la monoculture, la domestication et l’utilisation de produits phytosanitaires ont un impact sur la biodiversité et son évolution » qui devient en 2023 « L’évolution des pratiques agricoles a un effet sur la biodiversité et son évolution ».
Ainsi les termes « produits phytosanitaires » et « domestication animale » ne se situent plus dans la colonne des savoirs mais sont relégués dans les pistes de mise en œuvre du programme, la notion de « pratique intensive de la monoculture » a été supprimée. Les lycéens pourront « discuter de la notion de lignée humaine » et s’intéresser au « métissage des populations humaines et leurs conséquences au niveau immunitaire ».
Une image contenant diagramme Description générée automatiquementPour conclure, la révolution vient peut-être de la dernière partie sur l’intelligence artificielle dont la définition a évolué elle aussi… En 2019, on pouvait lire que « le terme intelligence artificielle recouvre un ensemble de théories et de techniques qui traite de problèmes dont la résolution fait appel à l’intelligence humaine ». Dans le projet de programme, l’IA est définit comme « un processus par lequel un algorithme évalue et améliore ses propres performances ». Les lycéens pourront étudier les spams et la reconnaissance faciale dans cette nouvelle mouture. Le projet de programme prévoit aussi l’étude de l’intelligence artificielle dans les prévisions boursières, la santé et les voitures intelligentes sans oublier « la création de contenus par des modèles génératifs comme ChatGPT ».
Julien Cabioch
Télécharger le programme applicable à la rentrée 2024