Dans l’histoire du règne animal, notre cousin le plus ancien n’était ni une éponge, ni une anémone de mer, mais un cténophore : un petit carnivore marin, transparent et gélatineux. Une hypothèse annoncée dans la revue Science qui reste à confirmer.
Pour appartenir au règne animal, il suffit de répondre aux critères suivants : être composé de plusieurs cellules possédant un noyau, être généralement mobile, et devoir se nourrir de matière organique pour survivre. Cette définition qui distingue les animaux de toutes les autres formes de vie (plantes, champignons, bactéries…) rassemble des millions, voire des milliards d’espèces aussi différentes que l’homme et le ver de terre, le corail et l’insecte, le mollusque et l’éléphant.
Pourtant, toutes descendent de cinq lignées animales qui peuplaient l’océan il y a plus de 500 millions d’années : les éponges, les cnidaires (méduses, coraux…), les bilatériens (des animaux qui, comme nous, possèdent une symétrie gauche/droite, avant/arrière), les cténophores ou cténaires qui se distinguent par leurs cils locomoteurs et les placozoaires dont une seule espèce est aujourd’hui connue. En séquençant l’ADN de leur descendance, les scientifiques tentent de reconstruire les liens de parenté entre ces lignées : identifier à quels moments ces ancêtres les plus lointains ont divergé les uns des autres, selon quels scénarios, au prix de quels sacrifices ou de quelles nouveautés en termes d’évolution.
Contrairement aux autres groupes, les éponges et les placozoaires ne possèdent ni système nerveux, ni muscle. L’hypothèse la plus logique, du moins en apparence, est qu’ils ont divergé en premier, et que les trois autres groupes ont « inventé » plus tardivement le système nerveux et les muscles, avant de se séparer. Or cette hypothèse a été mise à mal dans la revue Science. Une équipe américaine dirigée par Joseph Ryan vient en effet d’annoncer le premier séquençage d’un génome complet de cténophore (un Mnemiopsis leidyi) et sa conclusion modifie ce scénario des origines. Selon leurs données, les cténophores seraient la première lignée à avoir divergé. Autrement dit, les ancêtres des 150 espèces de cténophores connues aujourd’hui seraient apparus en premier et seraient ainsi nos plus lointains cousins du monde animal. Lire la suite.