On estime que, dans le monde, les trois quarts des cultures alimentaires dépendent au moins en partie de la pollinisation par des animaux, les insectes en particulier. Sachant que la diversité des insectes pollinisateurs est en diminution depuis plusieurs décennies, y aurait-il une « crise de la pollinisation » ? Et si oui, le renforcement des effectifs d’abeilles domestiques permettrait-il de compenser le déclin des autres insectes ? Deux études, l’une américaine et l’autre internationale, apportent une réponse pessimiste à ces questions.
Avec deux collègues, Laura Burkle, de l’Université de l’État du Montana et de celle de Washington, a étudié, en s’appuyant sur des données historiques et en collectant de nouvelles données en 2009 et 2010, l’évolution des interactions plantes-pollinisateurs dans une région de l’Illinois sur une période de 120 ans. L. Burkle et ses collègues ont notamment constaté que parmi les 532 associations plante-abeille recensées au XIXe siècle sur un sous-ensemble de 26 plantes et leurs 109 abeilles pollinisatrices, seules 125 associations subsistent aujourd’hui, soit un quart. Et parmi les interactions plante-abeille ayant été perdues, 183, soit près de la moitié, sont dues à la disparition, de la région étudiée, des espèces d’abeilles correspondantes (la moitié des espèces ne sont plus présentes).
Qui plus est, en se concentrant sur une plante abondante (Claytonia virginica), les chercheurs ont noté d’une part, que la diversité des abeilles qui la visitent n’avait pas changé entre le XIXe siècle et 1970, mais qu’elle a diminué de moitié depuis ; d’autre part, que le rythme des visites a été divisé par quatre depuis 1970 (de 0,59 à 0,14 abeille par minute). Il y a ainsi, au moins sur la région étudiée, une dégradation notable du réseau d’interactions plantes-pollinisateurs, qui conforte l’idée d’une crise de la pollinisation. Plus d’informations.
–> film « Des abeilles et des hommes »
–> cours de SVT sur la pollinisation et la reproduction des végétaux