La voiture grand public entièrement électrique est pour très bientôt. En tout cas les chercheurs d’un des grands laboratoires nationaux américain, Argonne, en sont persuadés. «C’est pour ça que plusieurs fabricants de batteries se précipitent pour acheter des terres au Brésil, où l’on trouve la meilleure roche dont on extrait le lithium qui est utilisé dans les batteries lithium-ion», explique Aymeric Rousseau, un ingénieur qui travaillait chez Peugeot avant de s’exiler aux Etats-Unis, où il effectue désormais des recherches au laboratoire d’Argonne.
Nucléaire. L’immense complexe, qui est gardé comme une base militaire, est situé dans la banlieue de Chicago. C’est ici qu’Enrico Fermi a réalisé, en 1942, la première réaction nucléaire contrôlée. Deux compagnies, General Motors et Toyota, prévoient de sortir un véhicule entièrement électrique («plug-in») en 2010. Mais le coût demeurera assez élevé et ces automobiles auront un rayon d’action de moins de 70 km par charge. C’est pourquoi à Argonne, où travaillent trois prix Nobel et un millier d’autres scientifiques, on s’affaire à allonger la durée de vie et à réduire le coût de ces batteries au lithium/ion – qui sont essentiellement les mêmes que celle utilisées dans les ordinateurs portables.
Autre piste explorée activement à Argonne : la pile à combustible à hydrogène. Une bonne dizaine de fabricants d’automobiles ont leurs prototypes. Mais le coût est toujours trop élevé pour envisager une production en série avant quelques années. Le problème tient principalement à l’utilisation du platine, un métal hors de prix, comme catalyseur de la pile à combustible. Palladium, cuivre, cobalt… des centaines de combinaisons de métaux destinées à remplacer l’inabordable platine sont explorées ici – comme dans des dizaines d’autres labos du monde. La durée de vie de la pile est aussi trop réduite. Thomas Walner, un ingénieur d’Argonne, se dit néanmoins persuadé que «l’avenir de l’automobile est bel et bien dans la pile à combustible». «A volume de production équivalent, une voiture à pile à combustible coûte 2,5 fois plus cher qu’une voiture classique, et dure deux fois moins longtemps», rétorque Ameyric Rousseau, qui croit plutôt dans l’avenir de la voiture électrique.
Réchauffement. Laquelle des deux solutions réduira-t-elle le plus le réchauffement climatique ? «Si l’électricité qui sert à charger les voitures est produite avec des centrales à charbon, l’usage de voitures électriques ne réduira pas les émissions de gaz à effet de serre», met en garde Jim Miller, un responsable du département des transports des Etats-Unis – où l’électricité est principalement produite avec du charbon.
Libération, 30 juillet 2008
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