Deux études internationales indépendantes ont révélé que la chute progressive des cheveux après 45 ans était liée à une zone située sur le chromosome 20.
Le test génétique pour savoir si on risque de devenir chauve ne semble plus très loin d’être réalisable. Deux études génétiques, publiées dans Nature Genetics, révèlent en effet qu’un gène situé sur le chromosome 20 est très fortement lié à l’apparition de la calvitie. Les chercheurs se sont intéressés à la forme de calvitie progressive et très répandue que l’on appelle alopécie androgénétique. La perte des cheveux se fait selon un «dessin» qui est toujours le même, agrandissant les tempes puis progressant sur le sommet du crâne vers l’arrière.
La première étude a été effectuée par une équipe internationale de l’université McGill de Montréal, du King’s College de Londres à laquelle étaient également associés des chercheurs des laboratoires pharmaceutiques GlaxoSmithKline. Des scientifiques de Suisse, d’Islande et des Pays-Bas ont aussi participé à l’étude. Ils ont examiné les gènes de 1 125 personnes européennes, un peu moins de 600 en Suisse, quelque 180 en Grande-Bretagne, plus de 500 en Islande et 150 aux Pays-Bas, souffrant de calvitie et ont trouvé que cette chute des cheveux était liée à deux régions du chromosome 20. Ils ont pu confirmer l’importance de ces régions en examinant les chromosomes de 1 650 hommes supplémentaires. Ce qui a confirmé le lien entre une certaine forme de ce gène du chromosome 20 et la perte progressive des cheveux.
Jusqu’ici, la calvitie avait été associée à des variants génétiques du gène codant pour un récepteur aux androgènes (les hormones mâles) situé sur le chromosome X. En associant ces deux résultats, les chercheurs ont pu estimer qu’un homme sur sept possédait à la fois les gènes de la calvitie sur le chromosome 20 et sur le chromosome X et qu’il avait par conséquent sept fois plus de risque que les autres de devenir chauve. Et même si les hommes ont, pour des raisons hormonales, une plus grande tendance que les femmes à perdre leurs cheveux la quarantaine venue, ou même parfois bien avant, les femmes n’échappent pas au phénomène.
Près de 40 % des hommes et femmes affectés
Dans la deuxième étude, réalisée indépendamment de la première, par des chercheurs allemands des universités de Bonn et Düsseldorf, c’est la même région du chromosome 20 qui a été identifiée comme porteuse d’un gène responsable de la calvitie en plus de la région déjà connue du chromosome X. Les chercheurs ont examiné les gènes de 296 personnes devenues presque chauves. Ils les ont comparés entre eux et avec ceux de 347 personnes témoins. Ils ont à chaque fois passé en revue près de 500 000 «découpes» génétiques de chaque génome. Les personnes atteintes de calvitie montraient en général deux sites génétiques communs que l’on ne retrouvait pas chez les personnes qui n’avaient pas perdu leurs cheveux.
On estimait jusqu’ici que si la calvitie était héréditaire, c’était la mère qui en était responsable car c’est elle qui transmet le chromosome X. On a ainsi souvent les cheveux de son grand-père maternel. Mais avec la découverte de ce nouveau gène, sur le chromosome 20, qui peut provenir soit du père, soit de la mère, on voit bien qu’une transmission de père en fils peut également se faire. Ces résultats confortent l’idée qu’environ 80 % des calvities sont héréditaires.
Ce type de calvitie affecte environ 40 % des hommes et des femmes après 45 ans. Le marché des cosmétiques pour ralentir ou empêcher la chute des cheveux est en pleine expansion et la greffe de cheveux a le vent en poupe car dans nos sociétés, l’apparence a une grande valeur personnelle et sociale. Des centaines de millions d’euros sont à la clé. «Une prédiction précoce de la calvitie, avant le commencement de la chute des cheveux, pourrait conduire à employer des thérapies qui seraient plus efficaces qu’au dernier stade de la perte», estime Tim Spector, du King’s College.
Reste à savoir ce que fait exactement cette zone du chromosome 20 car pour le moment, son action reste totalement inconnue. Rien ne dit d’ailleurs qu’il n’y ait pas d’autres gènes impliqués. Dès que les mécanismes de leur action seront connus, il sera peut-être possible de mettre au point des traitements pour empêcher le développement de ces calvities.
article LE FIGARO
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