Même s’il est difficile de le confirmer, tout le monde semble rêver. Cependant, les dormeurs se souviennent plus ou moins de leurs rêves au réveil, et quelques pour cent d’entre eux déclarent ne jamais rêver. Avec leurs collègues, Jean-Baptiste Eichenlaub et Perrine Ruby, de l’INSERM, ont montré que l’attention des grands rêveurs (ceux qui se souviennent beaucoup de leurs rêves) est plus facilement détournée par des perturbations extérieures, en particulier sonores, que celle des petits rêveurs.
Selon une théorie proposée par les psychologues David Koulack et Donald Goodenough au milieu des années 1970, le cerveau est incapable de stocker une nouvelle information dans la mémoire à long terme pendant le sommeil. Dès lors, pour être mémorisé, le rêve doit être rapidement suivi d’une phase d’éveil. J.-B Eichenlaub et ses collègues ont comptabilisé le nombre de phases de micro réveils des petits et des grands rêveurs. Ils ont montré que les seconds en comptent plus que les premiers, d’où leur meilleure mémorisation des rêves.
Pourquoi les grands rêveurs se réveillent-ils plus souvent ? Ce pourrait être parce qu’ils sont plus sensibles aux bruits extérieurs.
Pour le vérifier, les neurobiologistes ont mesuré par électro-encéphalographie l’activité cérébrale de petits et de grands rêveurs lorsqu’un son leur était présenté. Ils ont effectué ces mesures sur des sujets endormis ou réveillés (les sujets regardaient alors un film muet et devaient ignorer le son). Dans les deux cas, un type particulier d’activité cérébrale, associé à l’orientation involontaire de l’attention, était notablement plus intense chez les grands rêveurs. Ces derniers seraient donc plus facilement distraits et plus sensibles aux différentes perturbations environnementales (même lorsqu’ils sont endormis), d’où un sommeil plus léger, et, in fine, une meilleure mémorisation des rêves.