Jolie pêche pour l’équipe de Jean-Michel Claverie, de l’Institut de microbiologie de la Méditerranée de Marseille (CNRS) : au Chili, au large de la station biologique marine de La Cruces, ces biologistes ont trouvé un virus dépassant en taille le Mimivirus, qui était jusque-là le plus gros des virus géants. Megavirus chilensis rejoint donc cette étonnante famille comptant déjà le Mamavirus, le Marseillevirus, et le Mimivirus découvert en 2003. Ces virus géants ont la particularité d’infecter des amibes, des animaux unicellulaires, en se faisant passer pour les bactéries dont ils se nourrissent. Leur existence remet en question certains chemins a priori bien tracés de l’évolution des virus.
Le Megavirus chilien a une forme comparable à celle du Mimivirus et son enveloppe (la capside) est également couverte de fibres qui lui donnent un aspect poilu. Mais il est encore plus gros et plus complexe que le Mimivirus, qui possède déjà un millier de gènes, expliquent Claverie et ses collègues, dont les travaux sont publiés cette semaine dans les Proceedings of the National Academy of Sciences. Le génome du Megavirus (une molécule d’ADN) permet de fabriquer 1120 protéines. Les deux « cousins » ont 594 gènes en commun et surtout ils ont tous les deux des enzymes servant à traduire le code génétique pour fabriquer les protéines. Ce dont sont théoriquement dépourvus les virus.