Comment favoriser la compréhension les relations cause-conséquence à propos du réchauffement climatique ? Coraline Madec, enseignante de SVT au lycée Henri Bergson-Jacquart de Paris, s’appuie sur la fresque du climat. Le choix de ce format expressif en enseignement scientifique offre l’avantage de soulever le questionnement et les échanges entre les lycéens. Un second temps engage les élèves dans la rédaction d’un texte de 5000 signes répondant à une problématique. « On apprend aux élèves à se servir d’un compteur de signes et de mots en ligne. On les sensibilise fortement à ce qu’est le plagiat », souligne l’enseignante qui aborde aussi « les solutions à l’échelle individuelle pour aborder de manière plus constructive le réchauffement climatique et éviter l’éco-anxiété ».
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Quelle est cette fresque du climat mise en place par vos élèves de terminale ?
La fresque du climat est un ensemble de cartes mises au point par l’association du même nom. Ces cartes permettent, sous forme d’un jeu, de construire peu à peu des liens causes-conséquences sur les émissions de GES anthropiques.
La forme, très didactique, se présente sous différents lots de carte à distribuer au fur et à mesure permettant d’aborder le réchauffement climatique tout en complexifiant les notions petit à petit.
Les élèves (en groupe) classent d’abord les cartes, les organisent, puis les fixent sur un paper board avec de la pâte à fixe. Dans un dernier temps, ils dessinent des liens de causalité entre les cartes tout en laissant exprimer leur créativité !
Dans quels objectifs ?
L’idée est de comprendre les conséquences multiples des émissions anthropiques des GES sur notre planète : acidification des océans, perturbation du cycle de l’eau, érosion de la biodiversité….et les conséquences de ces effets sur la santé humaine. Autant de nombreux élèves ne sont pas forcément sensibles à l’argument souvent rabattu de « il faut prendre soin de notre planète », autant ils sont très réceptifs aux impacts sur la santé humaine et la notion de réfugiés climatiques (qu’ils ignorent pour la plupart).
Quels sont les avantages de cette approche ?
Le format a eu beaucoup de succès auprès des élèves. Certains en grandes difficultés se sont vraiment mobilisés dans ce jeu éducatif, qui a lancé de nombreux débats comme « La fonte de la banquise a-t-elle un lien ou non avec la montée des glaces ? » ou « La déforestation est-elle une activité humaine ou une conséquence des activités humaines ? ».
Ces questions émergent nécessairement car elles permettent aux élèves de classer les cartes selon des liens de causalités.
Et c’était agréable de constater l’autonomie des élèves qui se posaient des questions et cherchaient les informations sur les autres cartes ou dans leurs connaissances pour essayer de résoudre ces questions.
Que produisent les élèves à l’issue de la séquence sur le climat ? Quels sont les types de productions choisies ?
A l’issue de cette première activité les élèves rédigent un texte de 5 000 signes (espace et ponctuation compris) sur une des 4 problématiques proposées.
Comment les activités humaines entraînent-elles l’acidification des océans et quelles sont les conséquences de cette acidification ? Comment les activités humaines entraînent-elles une perturbation du cycle de l’eau et quelles sont les conséquences de cette perturbation ? Comment les activités humaines entraînent-elles une succession d’effets qui favorisent à terme la propagation des vecteurs de maladies? Quelles en sont les conséquences ? Comment les activités humaines entraînent-elles le réchauffement des océans et la fonte des glaces (banquise, glacier et calotte glaciaire) ?
Cette production est ensuite évaluée sur le fond et la forme. L’originalité du devoir est fortement valorisée. Cette année nous avons eu des devoirs assez divers : lettre adressée aux futures générations, l’histoire romancée de Greta Thunberg, chanson (slam), poème épique, diaporama construit comme un jeu interactif sur l’histoire de l’agriculteur Bruno, un roman photo…
Ce devoir permet aussi de travailler d’autres savoir-faire. On apprend aux élèves à se servir d’un compteur de signes/mots en ligne. Et on les sensibilise fortement à ce qu’est le plagiat : chaque copie est scannée par le logiciel Plagscan et le % de plagiat est déterminé. Une tolérance de 20% est acceptée mais pas plus !
Sur les 5 classes cette année, nous avons bien insisté en expliquant comment faire pour s’inspirer de ressources sans les plagier, et une seule copie seulement sur 145 a montré plus de 20% de plagiat.
Qui va visiter l’exposition mise en place au CDI du lycée ? Comment est évalué ce projet ?
Sur les 5 classes de TES, chaque professeur de SVT-ES a choisi les 8 meilleures productions. Nous avons envoyé ces 8 x 5 productions au CDI. Elles sont en ce moment en cours d’impression et de mise en forme. Elles seront exposées pendant 3 semaines au CDI. Ensuite, des classes de 1ère ES viendront lire ces productions (une activité mise ne place en ES) et voteront sur leurs 3 productions préférées. Chaque élève pourra voter et les documentalistes et les professeurs du CDI également.
A la fin de l’exposition, un classement sera établi et les 3 gagnants recevront lors d’une petite cérémonie avec la direction : un diplôme, un bon de d’achat à la Fnac et le 1er recevra également une BD sur le réchauffement climatique « Saison Brune » de Squarzoni.
Quelle utilisation du jeu de cartes Carboniq faites-vous en classe ?
Le jeu Carboniq constitue une seconde activité, en lien directe avec la fresque du climat. La fresque du climat fait un état des lieux assez alarmiste de la situation actuelle. Cette deuxième activité permet d’apporter des solutions à l’échelle individuelle pour aborder de manière plus constructive le réchauffement climatique et éviter l’éco-anxiété chez nos élèves, très angoissés par la pandémie !
Cette activité commence par une explication collégiale sur ce qu’est l’empreinte carbone, sur les principales sources d’émissions de carbone d’un habitant en France. Puis, par groupe, les élèves vont réfléchir sur des actions simples à mettre en place pour réduire l’empreinte carbone : un groupe travaille sur le transport, un autre sur l’alimentation, le dernier sur le numérique.
Ce travail est guidé par des questions et les cartes du jeu Carboniq qui permettent de manière ludique d’y répondre. Au bout d’1h30, les élèves présentent le fruit de leur travail à la classe et chaque élève présente la carte du jeu qu’il a le plus aimée.
Nous avons eu des retours assez amusants sur l’empreinte carbone de la trottinette électrique, de Tik tok, des pets de vaches, de la bière, du café et de miss France !
Propos recueillis par Julien Cabioch
Fresque du climat
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