Des chercheurs français ont obtenu des résultats spectaculairesdans le traitement des troubles obsessionnels compulsifs.
Les « TOC », mot passé dans le langage courant, peuvent être redoutablement invalidants. Ces troubles qui se manifestent par des obsessions de l’ordre, de la propreté, de la symétrie, ou bien par des peurs irrationnelles, des doutes anxiogènes, touchent 2 % de la population. Souvent, une association de traitements médicamenteux et psychiatriques est efficace. Mais certains patients ne répondent à aucun traitement.
C’est à eux qu’est destinée l’électrostimulation du cerveau. Seize patients ont été traités en France, sous le contrôle du Dr Luc Mallet de la Pitié-Salpêtrière, avec l’aide de dix CHU, dont ceux de Rennes et Nantes (les équipes des Pr Millet et Verin).
Deux fines électrodes sont implantées dans une zone profonde du cerveau. Elles sont reliées à un pacemaker, comme pour les maladies du coeur. « Au bout de trois mois, les deux tiers des patients présentaient une nette amélioration. 25 % de leurs symptômes avaient disparu. » L’expérience a été menée en « double aveugle » : ni les patients ni les médecins ne savaient s’ils étaient sous stimulation ou non.
Une renaissance
Après une série d’ajustements et dix mois de stimulation, le bilan est spectaculaire : pour la plupart des patients, les deux tiers des symptômes ont disparu. Dans un cas, c’est 100 %. Pour quelques autres – est-ce lié à la personnalité du patient ou à l’ancienneté des symptômes ? – l’amélioration est qualifiée de modérée. Les effets secondaires apparaissent surtout au début de la stimulation. Changement d’humeur ou irritabilité, ils sont jugés bénins et intermittents. « La plupart de nos patients ont vécu leur opération comme une renaissance. »
Ces résultats sont publiés dans la prestigieuse revue New England Journal of medicine. Luc Mallet estime, que, en France, 6 000 à 12 000 personnes pourraient être candidates à un tel traitement. Il est déjà utilisé pour certaines formes de la maladie de Parkinson et de la maladie de Gilles de la Tourette (tics des mouvements et tics vocaux).
Les médecins ne crient pas pour autant victoire. Leur technique, qui exige des équipes médicales spécialement formées, doit encore être améliorée. Quant aux zones profondes du cerveau, les « noyaux sous-thalamiques » dans lesquels ils implantent les électrodes, leur cartographie peut encore être améliorée.
Bernard LE SOLLEU.
article OUEST FRANCE
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